Correspondance d'Émery Beaulieu à Attala Mallette

Je viens de recevoir une lettre de mon beau-frère M. Couillard, me priant de descendre à Beauharnois dès ce soir, pour aller avec lui à Ste Martine, passer le contrat de vente avec M. Boursier. J’entrevois là une chance pour moi, de vous voir, demain, mardi, 21 courant; & je vous demande la permission de me présenter chez vous à toute heure du jour ou de la veillée, attendu que je devrai repartir de suite, de suite pour Montréal. Ainsi, sans que je puisse rien promettre, j’espère pouvoir vous voir demain, vous parler, vous dire que je vous aime, vous demandez si vous m’aimez encore; quel bonheur! Ma Bien-Aimée, je n’ai que le temps d’ajouter un mot, avant de maller cette lettre: c’est que je vous aime de tout mon coeur; c’est que je vous supplie de m’aimer encore, de m’aimer toujours!

Chère, chère Attala, pourquoi ne m’avez-vous pas écrit, hier! pourquoi n’ai-je pas reçu de lettre ce matin.

Je le saurai demain & voilà que je tremble d’apprendre quelque mauvaise nouvelle.

Que Dieu vous garde, mon cher Ange; qu’Il me protège; j’ai peur! Au revoir, à demain; si possible; demain, à je ne sais quelle heure.