- Son enfance et sa famille
Henri Césaire Saint-Pierre naquit à Rigaud le 13 septembre 1842,
le fils de Joseph Saint-Pierre et de
Domithilde Denis Saint-Denis.
(1)
Son père Joseph était né sur l'Île Bizard
le 16 mars 1802. Il avait marié, le 8 février 1825 en la Pointe Claire,
Domithilde Denis Saint-Denis.
Tout comme Domithilde,
il ne savait ni lire, ni écrire, ni signer son nom lors de son mariage.
Joseph fut agriculteur.
Les Saint-Pierre
habitèrent l'Île Bizard jusqu'aux environs de 1835
pour ensuite s'établir dans la paroisse
de Saint-Hermas jusqu'aux environs de 1840.
C'est durant son séjour là que les troubles
de 1837-8 éclatèrent et que le village prit les armes.
Joseph
prit part à l'insurrection des Patriotes, et fut un des survivants du petit groupe
dirigé par le docteur
Jean-Olivier Chénier à Saint-Eustache le 14 décembre 1837
qui brava l'armée anglaise
malgré l'inégalité des forces en présence, une action dont son fils
Henri Césaire fut
très fier, comme nous verrons.
Après Saint-Hermas on retrouve la famille
Saint-Pierre
résidant à Rigaud jusqu'aux environs de 1843 après quoi elle
retourna habiter l'Île Bizard. Ces allées et venues laissent supposer
que Joseph n'avait pas de terre et
travaillait pour d'autres agriculteurs, selon leurs besoins.
Il mourut sur l'Île Bizard le 4 août 1845 à l'âge de quarante-trois ans.
Domithilde se retrouva veuve avec neuf enfants,
sept filles et deux garçons, âgés entre 19 ans et moins de trois mois.
Elle demeura sur l'Île Bizard où elle dût travailler avec ses filles aînées
pour nourrir et loger sa famille.
Celle-ci diminua assez rapidement puisque cinq de ses filles se marièrent
entre 1848 et 1853:
Marie Aglaé, le 25 septembre 1848;
Marcelline, le 3 octobre 1848;
Odile, le 9 avril 1850;
Rose de Lima, le 27 janvier 1851;
Domithilde, le 21 novembre 1853.
Le recensement de l'Île Bizard fait en 1851 nous apprend que la mère
d'Henri Césaire
était journalière, que son frère Olivier
était voyageur et absent de la maison, que ses soeurs
Domithilde,
Aurélie et Zéphirine vivaient avec
leur mère tout comme lui, et qu'il était écolier.
- Ses études
Sa soeur Odile avait
marié un marchand, Cyrille
Labrosse Raymond, le 9 avril 1850. Ce couple ne réussit
qu'à avoir une fille qui survécut
le bas âge. Ce manque d'un fils les amena à pratiquement adopter
Henri Césaire. Comme ce dernier était très bon écolier,
Cyrille Labrosse Raymond
lui fit faire son cours classique au Collège de Montréal dirigé
par les Messieurs de Saint-Sulpice, ce qu'il n'aurait
certes pas pu faire autrement.
Henri Césaire devint donc pensionnaire au Collège de Montréal où
il débuta ses cours en septembre 1855. Le terrain
du collège, qui portait alors le nom de Petit Séminaire, était borné par la rivière
Saint-Pierre, la rue Saint-Paul, la rue de l'Inspecteur.
(2)
En 1861, la situation politique entre l'Angleterre
et l'Union américaine, alors en guerre
contre les Sudistes, amena Westminster à dépêcher 5 000 hommes de troupe à Montréal.
Henri Césaire et ses confrères d'étude furent licenciés
le 27 décembre 1861 pour que l'édifice du Petit Séminaire
puisse servir de caserne. Le 23 janvier 1862, Henri Césaire
et ses confrères du Petit Séminaire
se retrouvèrent dans l'édifice du Grand Séminaire, rue Sherbrooke. C'est lÃ
qu'il termina son cours classique en juillet 1862.
Une fois son cours classique achevé avec succès,
il fut résolu qu'il deviendrait avocat
quoiqu'il rêvait d'une carrière militaire et
désirait ardemment s'enrôler dans l'armée
de l'Union.
À cette époque tout comme aujourd'hui, le Barreau décidait
qui accepter comme membre et ainsi qui pouvait pratiquer la profession d'avocat.
Pour ce faire, le candidat devait réussir sa cléricature, à savoir
un stage d'apprentissage dans un ou plusieurs
bureaux d'avocats, ainsi qu'une série d'examens administrés par le Barreau.
Le Barreau administrait également une série d'examens pour choisir ceux
qui étaient admissibles à étudier le droit dans un bureau d'avocat.
Henri Césaire réussit ces examens.
Afin de parfaire sa connaissance de l'anglais, il fut décidé
de l'envoyer étudier le droit d'abord avec la firme de l'avocat
James Agnew à Kingston en
Ontario. Il y débuta son étude du droit durant l'automne 1862.
- Soldat du 76ième New York Volunteers
La guerre de Sécession faisait rage aux État-Unis depuis avril 1861.
Henri Césaire, qui désirait depuis longtemps faire partie
de l'armée de l'Union, profita de ses vacances, en août 1863, pour aller visiter
Buffalo dans l'État de New-York
et le 21 août 1863 il s'engagea pour trois ans
comme simple soldat sous l'alias de
Louis Henry, 21 ans, étudiant en droit,
né à Paris, France. Il avait les yeux bleus, les cheveux bruns, le teint foncé
et faisait 5 pieds 9 ¼ pouces.
(3)
Il fut affecté au régiment
76ième New York Volunteers
qui avait subi de fortes pertes à la bataille de Gettysburg.
Il se joignit à son régiment le 6 septembre 1863 et fut assigné à la compagnie F de ce
dernier. Le 76ième New York Volunteers faisait partie
de l'armée du Potomac, commandé par le major-général Meade,
et plus précisément
de la première division du premier corps d'armée,
ce dernier sous le commandement du major-général
John Newton.
Vers la fin novembre 1863, Meade entreprit
la campagne de Mine Run.
Son objectif était d'attaquer l'armée sudiste
sur son flanc droit au sud de la rivière Rapidan. Pour ce faire, il divisa son armée
en trois colonnes: la première était formée du cinquième corps d'armée sous la
direction de Sykes
soutenu par deux des divisions du premier corps,
incluant le 76ième NY; la deuxième colonne était formée par le
troisième corps d'armée commandé par French soutenu par le
sixième corps commandé par Sedwick;
la troisième colonne était constituée par le second corps d'armée commandé
par Warren.
La stratégie arrêtée exigeait que ces trois colonnes
traversent le Rapidan en même temps en trois gués différents.
La première colonne devait traverser le Rapidan par le gué de Culpeper Mine,
la deuxième, par le gué de Jacob's et la troisième, par le gué Germanna, et ce,
sans éveiller l'attention de l'ennemi, à la faveur de l'aube.
L'armée entra en mouvement à 6 heures du matin le 26 novembre 1863. Les unités
de tête de la troisième colonne ainsi que celles
de la première colonne
arrivèrent aux gués assignés entre 9 et 10 heures du matin.
Mais celles de la deuxième colonne
n'arrivèrent au gué Jacob's qu'à midi: l'effet de surprise était déjà manqué.
Il faut dire que les chemins étaient boueux, la terre détrempée, et la deuxième
colonne s'était perdue.
Les trois colonnes commencèrent alors à traverser mais la nuit tomba avant que toutes
les troupes aient traversé le Rapidan. Les dernières unités de la première colonne Ã
traverser furent celles composant le premier
corps d'armée, et parmi celles-ci se
trouvait le 76ième NY. C'est alors que Henri Césaire fut
fait prisonnier le 26 novembre, intercepté
par des cavaliers ennemis au sud du Rapidan,
près de Kelley's Ford. La bataille n'était même pas commencée.
Henri Césaire ne faisait partie du 76ième NY
que depuis quelques mois et il n'avait pas encore subi le baptême du feu.
La bataille de Mine Run débuta sans lui le 27 novembre 1863. Après quelques jours
de combats sans succès, les troupes de Meade
se retirèrent dans la nuit
du 1er au 2 décembre. La campagne était terminée.
- Prisonnier des Sudistes
Le 8 décembre 1863, Henri Césaire, prisonnier de guerre,
fut incarcéré à Belle-Ile,
près de Richmond, en Virginie. Le nombre de soldats prisonniers qui
s'y trouvaient alors était de 6 300. Il n'y avait de tentes
que pour moins de la moitié de ceux-ci. Les autres couchaient à la belle étoile, au
froid, au vent, à la pluie, sur un sol mouillé et bourbeux.
Les rations étaient très maigres.
Ce camp, qui avait été réouvert en mai 1863,
fut fermé de nouveau en mars 1864. Ses prisonniers furent transférés à partir
du 7 février 1864 par groupe de 400 Ã
Andersonville, en Georgie.
C'est le 10 février 1864 qu'Henri Césaire y fut
transféré. Ce camp avait été érigé au début de 1864 pour recevoir les prisonniers
de guerre qui se trouvaient
dans ou aux alentours de Richmond. Durant ses 14 mois d'existence, 45 000 prisonniers
de guerre y furent emprisonnés et de ceux-ci, près de 13 000 moururent de maladie,
manque de sanitation, malnutrition, surpeuplement, ou exposition aux éléments. À
la fin de juin, on y trouvait 26 000 prisonniers. En août, sa population dépassait
32 000.
Il fut décidé de transférer autant que possible les prisonniers de guerre
ailleurs lorsque les troupes de l'Union s'en rapprochèrent. Aussi
Henri Césaire fut incarcéré pour une quinzaine de jours
dans la cour de la prison commune à Savannah, en Georgie,
puis transféré à la fin d'août 1864 au
Race Ground de Charleston, Caroline du Nord,
Il fit là la connaissance d'une soeur
de France qui avec ses consoeurs soignait des malades. Grâce à elle, il put entrer
en contact avec un Français et un Canadien travaillant pour les Confédérés,
les implorant de l'aider à s'évader. Mais après quelques semaines dans ce camp,
avant qu'un plan ne puisse être mis sur pied, il
fut transféré ailleurs, vu l'épidémie de
variole et de fièvre jaune au Race Ground.
(4)
Ces épidémies forçèrent en effet les Confédérés
à débuter les transferts de prisonniers vers le nouveau camp de prisonniers de
Florence, en Caroline du Sud, dès
la mi-septembre, alors que la palissade requise pour retenir les prisonniers
était encore incomplète. Le 14 septembre, plus de 5 000 prisonniers de Charleston
étaient transférés à Florence, sans avoir de palissade pour les retenir.
Environ 1500 prisonniers, dont Henri Césaire,
s'évadèrent en masse vers le 20 septembre. Il fut capturé avec 41 autres évadés
au Great Pee Dee River Railway Bridge. Mais ce groupe réussit à s'évader
de l'endroit où on les avait momentanément incarcérés.
Henri Césaire fut repris près de Marion,
Caroline du Nord, après plusieurs jours et retourné
à Florence où la palissade avait été
finalement terminée le 2 octobre 1864.
(5)
Cette prison fut en opération durant environ 5 mois,
de septembre 1864 à février 1865.
On y trouvait le 12 octobre 1864 12 362 prisonniers,
qui mouraient au rythme de 20 Ã 30
par jour. Les trois quart des prisonniers n'avaient
pas de couvertures, et plusieurs
étaient à peine vêtus. Tous étaient affamés.
À la fin d'octobre, les prisonniers qui n'étaient pas américains furent invités Ã
s'engager comme soldats pour les Sudistes.
Tous refusèrent. Une seconde invitation fut faite
peu de temps après: celle-ci consistait
à travailler comme ouvrier à l'Arsenal de Charleston tout en demeurant prisonnier
sous garde. Aucun engagement, aucun serment n'était requis.
Un Irlandais du nom de Paul Clareton qui faisait partie
de son détachement accepta, et le convainquit de faire de même et c'est ainsi qu'ils
purent tous deux quitter ce camp de mort.
- Charleston
Henri Césaire, un étudiant en droit, s'était fait passer
pour un charron: il devait fabriquer des roues pour des canons et des wagons militaires
à l'Arsenal; Paul Clareton,
un boulanger, s'était dit charpentier:
il devait fabriquer des boîtes pour les cartouches.
Leur subterfuge allait être découvert
à leur première journée à l'Arsenal. À moins d'une
évasion rapide, ils allaient être faits.
Arrivés à Charleston, ils furent parqués tout près de l'Arsenal. Ils reçurent une tente,
des provisions et un peu d'argent. On leur dit d'engager une des noires qui habitaient
tout près de l'Arsenal pour leur préparer leur nourriture comme ils seraient au travail
toute la journée. Une noire qui parlait entre autres le créole, acquiesça. Ils
se dirent malades le lendemain.
Henri Césaire parla en français avec la noire afin de ne pas
être compris par le garde et lui demanda de retrouver
d'urgence les contacts qu'il avait fait au Charleston Race Ground plus tôt. Grâce Ã
elle, il put entrer en contact avec le Français qui retrouva le Canadien et
l'évasion eut lieu le soir même. Ils furent cachés pendant quelques jours
dans la maison d'un Sudiste alors sous les drapeaux, maison proche de l'Arsenal
et tenue par une esclave noire.
Ils se cachèrent ensuite dans la
basse ville, détruite par les batteries de l'Union. Ils y demeurèrent
jusqu'à ce que les troupes sudistes quittent la ville le 17 février 1865.
Ils se rapportèrent aussitôt son arrivée au major-général
John Porter Hatch en charge des troupes d'occupation.
Celui-ci nomma Henri Césaire sergent dans les "Provosts Guards",
la section des troupes d'occupation chargée de faire la police, de désarmer
les habitants, etc.
Il demeura à ce poste jusqu'à la fin de la guerre et même après puisqu'il
désirait d'une part aider ses sauveurs à profiter de l'après-guerre
et d'autre part réaliser son rêve d'obtenir un engagement comme officier
dans l'armée américaine. Sur ce dernier point il pouvait compter sur l'appui
du major-général Hatch.
Son ami Paul Clareton considéra tout au contraire
que son devoir était d'aller voir ses parents maintenant qu'il pouvait être
démobilisé avec la fin de la guerre.
Henri Césaire refusa. Mais son
ami, aussitôt démobilisé à la toute fin de mai, alla à l'Île Bizard voir la mère
de Henri Césaire et lui raconta toute l'histoire.
Celle-ci lui fit envoyer aussitôt une lettre le suppliant de rentrer à la maison.
Henri Césaire ne put résister aux larmes de sa mère:
il dût mettre ses projets de côté.
Malheureusement il devint très malade dès juin et
ce n'est qu'en octobre qu'il fut suffisamment bien prendre un vapeur pour New-York.
Il s'y retrouva à l'hôpital pour quelques semaines. Un séjour de convalescence
fut ensuite requis, comme il n'était pas en état de voyager, surtout pour se retrouver
dans un de nos hivers. Ce n'est finalement que le 3 novembre 1865
qu'il arriva à l'Île Bizard toujours malade et très faible.
Sa mère était "folle de joie".
- Sa cléricature et ses
premières années comme avocat
Au printemps 1866, rêvant toujours d'une carrière militaire dans l'armée
américaine, il voulut retourner à Charleston, mais sa mère, sa soeur
Odile et son mari
Cyrille Labrosse Raymond, celui-là même qui avait payé
toutes ses études, ainsi que
Guillaume Gamelin Gaucher, alors
député du comté de Jacques-Cartier (ce comté comprenait l'Île Bizard) insistèrent
pour qu'il reprenne ses études de droit débutées à Kingston.
Henri Césaire dût céder: sa carrière militaire était terminée
pour tout de bon.
Quand Cyrille Labrosse Raymond
mourût à l'Île Bizard le 25 mars 1866,
Henri Césaire venait juste de reprendre sa cléricature,
dans le bureau de l'Honorable George Étienne Cartier, M.P.P.,
procureur général pour le Canada-Est, soit
le bureau Cartier, Pominville & Bétournay,
au 32 rue Notre Dame.
L'année suivante, il fut engagé comme clerc dans le bureau de l'Honorable
John Joseph Caldwell Abbott, M.P.P., C.R.,
au 47 rue Saint-Jean.
Il passa en 1868 au bureau Barnard & Pagnolo
(Edmund Barnard et Siméon Pagnolo),
20 Gt St James déménagé l'année suivante au 126 St James,
où il demeura comme avocat une année après avoir été
reçu au Barreau le 12 juillet 1870.
Il habitait au 136 Wellington en 1866, au 43 St Vincent en 1867,
au 101 Vitré en 1869 et au 45 St Urbain en 1870.
En 1873 il pratiqua le droit dans le bureau de
Moreau, Ouimet & St Pierre, au 63 rue St Gabriel
(soit avec Pierre Moreau ainsi que l'Honorable
Gédéon Ouimet, M.P.P., ministre de l'Instruction Publique).
Ce bureau devint Ouimet, St Pierre & Augé en 1874,
Olivier M. Augé s'étant joint à eux.
Henri Césaire déménagea cette année-là au 59 German.
(6)
- Son mariage et son procès
Le 7 septembre 1874, il maria à la Cathédrale Saint-Jacques de Montréal
Marie Adéline Albina Lesieur, fille mineure du marchand
Louis Adolphe Lesieur et de
Marie Elisabeth Loranger.
Celle-ci n'avait que 14 ans et huit mois.
Il allait avoir 32 ans six jours plus tard. Parmi les personnes présentes, ont été
mentionnées ou ont signé en plus des mariés et des parents de la mariée,
l'honorable Thomas Jean Jacques Loranger, juge de la Cour
Supérieure de la province de Québec, Onésime Loranger, avocat,
un A. Loranger,
un E. Loranger, un Robillard, et deux
Lesieur en plus de Urgel A. Denis.
Le couple emménagea au 184 St Hubert.
Son bureau d'avocat devint Ouimet & St Pierre, toujours
au 63 St Gabriel en 1875. Cette année-là fut fort mouvementée pour
Henri Césaire. En effet,
puisque la petite vérole faisait des ravages à Montréal, le Conseil de Ville songea
à décréter la vaccination obligatoire. Henri Césaire
s'y opposa fermement en des discours éloquents donnés dans des assemblées publiques;
il n'était évidemment pas le seul: les docteurs
J. Émery Coderre et Adolphe Dagenais,
l'étudiant en médecine Elzéar Paquin, ainsi que l'avocat
Charles Thibault, s'insurgèrent
contre cette attaque des libertés individuelles et de la liberté de choix. Des foules
considérables furent convaincues de s'opposer à l'adoption de ce règlement et on
leur recommanda de signaler leur désaccord par leur présence lors de la réunion du
Conseil de Ville du 9 août au Marché Bonsecours.
Une foule immense s'y présenta et malheureusement, la situation tourna très
rapidement à l'émeute: on lança des pierres dans le marché,
atteignant des personnes dans la salle.
Toutes les vitres du Marché, incluant celles du magasin de
Louis Adolphe Lesieur, beau-père de
Henri Césaire, furent brisées et l'assemblée ne put avoir lieu.
Les forces de l'ordre cherchèrent un bouc émissaire: il fut
décidé d'accuser Henri Césaire d'incitation à l'émeute.
Le juge Thomas K. Ramsey
suggéra fortement aux Grands Jurés lors de leur assermentation le
24 septembre 1875 de déterminer que l'accusation était fondée et ceux-ci obtempérèrent
le 12 octobre. Le procès eut lieu le 21 octobre devant le
même juge Ramsey.
L'honorable Ouimet, C.R., associé
de Henri Césaire, ainsi que messieurs
Kerr, L. O. Loranger
et MacMaster
se chargèrent de sa défense. Il fut trouvé non-coupable par les jurés sans que ceux-ci
n'aient besoin de délibérer. (7)