Correspondance d'Émery Beaulieu à Attala Mallette

«Toute lettre mérite une réponse», m'avez-vous maintes fois répété. Vous plairait-il me dire pourquoi ma dernière lettre, du 14 courant, ne vous a pas paru digne de cette marque de déférence? Je vous avoue que depuis une semaine je me perds en conjecture sur votre silence inexplication. Êtes-vous malade? Alors, au nom du Ciel, efforcez-vous de trouver un moyen de me le faire dire. Ma lettre s'est-elle égarée? Alors celle-ci ne s'égarera pas, car je prends la peine de la faire enregistrer. Enfin, avez-vous décidé, pour quelques raisons que je ne puis soupçonner, après notre dernière entrevue, après votre dernière lettre du 9 courant que je viens de relire, de cesser toute correspondance avec moi?

Si tel est le cas, eh! mon Dieu! serait-ce trop de vous demander de m'en avertir par deux lignes écrites de votre main? Oh! je ne vous demanderai ni le pourquoi, ni le comment de votre détermination; une simple constatation suffira pour mettre fin à nos relations, quelque bienveillantes qu'elles aient été jusqu'ici.

J'aime les positions nettement tranchées et je ne hais rien tant que le doute, l'indécision, l'incertitude.

Espérant, Mademoiselle, que vous voudrez bien me favoriser de quelques lignes de réponse, par le retour de la malle, je demeure