- Les années 1890-1894
En 1891, il déménagea sa famille au 30 rue Berri.
En 1892, il s'associa avec Ernest Pélissier pour former la firme
légale Saint-Pierre & Pélissier toujours au 35
rue Saint-Jacques. L'année suivante, il déménagea sa famille au 144 rue Berri.
- L'année 1895: son discours du Memorial Day
En 1895, sa firme légale
devint Saint-Pierre, Pélissier & Wilson
et déménagea au 26 Saint Jacques avec l'entrée de son neveu
Charles Avila Wilson dans son bureau.
Ce dernier était le fils
d'Antoine Wilson et de sa soeur
Odile Saint-Pierre, veuve de
Cyrille Labrosse Raymond.
C'est le 10 janvier 1895 que le Washington Tribune publié une lettre Henri Césaire à propos d'une des péripéties de son temps comme prisonnier de guerre durant la guerre de Sécession.
L'année 1895 fut pour Henri Césaire une année
où il fit plusieurs discours importants.
La Grande Armée de la République (GAR) avait été créée peu de temps après la
guerre de sécession comme une association des vétérans de l'Union. De plus en plus
de vétérans formèrent de plus en plus de postes groupés par états. Les vétérans de
Montréal créèrent un poste baptisé Hancock No 105 en mai 1890, poste
relié à l'état du Vermont. Une des activités de ces postes étaient
de fleurir les tombes des vétérans le 30 mai, Memorial Day,
aussi nommé Decoration Day. Cette décoration était suivie d'un discours en
l'honneur des morts. En 1892, l'orateur principal pour le poste de Montréal avait été
le capitaine Culver
de Saint-Albans, Vermont; en 1893, ce fut le gouverneur de l'état du Vermont
lui-même, L. K. Fuller.
(26)
Henri Césaire fut
le principal orateur en 1895, et son discours en anglais, qui existe encore,
montre clairement ses talents d'orateur.
(27)
N'ayant pas en main d'autres exemples de ces discours que ceux de notre personnage,
il est impossible d'en évaluer l'originalité.
Le discours touche un bon nombre de points ayant tous pour but
de montrer que les sacrifices soufferts par les vétérans n'avaient pas été en vain,
mais qu'il avaient sauvegardé ou promu des principes sacrés, comme l'égalité
entre tous les hommes et le "gouvernement du peuple,
pour le peuple par le peuple". C'est pourquoi des hommes de tous pays épris par ces
idéaux s'étaient enrôlés dans les armées de l'Union; c'est pourquoi plusieurs
gouvernements autocratiques avaient au contraire soutenu les Confédérés.
Il prononça cette phrase qui expliquait bien son attitude passée tout comme
présente: "Ces jours-là
tout comme maintenant, il y avaient dans notre Canada libre, des hommes du peuple
avec des bras forts et des coeurs vaillants, qui ne crurent pas qu'il seraient
déloyaux à leur pays en donnant une aide amicale à la cause du peuple et de
l'humanité, et qui se sont joints avec entrain aux rangs de leurs frères américains."
Il ajouta ensuite: "Nous étions du nombre, camarades. Entraînés par l'enthousiasme
de notre jeunesse, nous nous sommes battus et nous avons versé notre sang pour la cause
sacrée du peuple et pour l'abolition de l'esclavage; et après ce conflit sanglant nous
sommes rentrés chez nous loyaux comme toujours à notre patrie mais fiers d'avoir
contribué au triomphe de la liberté et au maintien du gouvernement du peuple, par le
peuple et pour le peuple."
Il insista ensuite sur le caractère absolument nouveau de la république américaine,
basée sur l'égalité absolue de tous, absolument nouveau parce que toutes les
républiques précédentes avaient exclus du pouvoir la majorité des individus qui s'y
trouvaient, comtrairement à la république américaine où le principe fondamental
était l'égalité de tous, et la possibilité qu'a chacun de devenir président ou
général.
Il compara ce type de gouvernement au gouvernement autocrate, comme celui trouvé
en France sous la monarchie, où seuls les nobles pouvaient accéder
à des postes de commandement quelques soient leurs qualifications si ce n'est
qu'ils étaient les protégés d'une des maîtresses du Roi ou capables d'acheter à gros prix
le poste qu'ils convoitaient. Il fit ensuite l'éloge de la Révolution Française,
Révolution qui fut par la suite victime de l'attrait de la gloire militaire avec
l'Empire de Napoléon.
Il réfuta ensuite la thèse selon laquelle la sécession des états du sud n'aurait pas
causé la fin de la démocratie, insistant sur le fait que la puissance des États-Unis
était due à l'Union des États qui la composent, et qu'une fois divisée, celle-ci devenait
vulnérable aux attaques des étrangers. Ce qui permit à la République du Mexique
de vaincre les troupes qui voulaient lui imposer un Empereur avait justement
été l'union de ses citoyens contre celles-ci.
Il ajouta: "Nous avons combattu pour l'Union afin que le titre de citoyen américain
soit préservé. Nous avons combattu pour l'Union afin que dans ce pays le travailleur
puisse continuer à croire qu'il y a plus de noblesse dans un travail honnête que dans
les titres ronflants. Nous avons combattu pour la cause de la démocratie afin que nul
ne puisse un jour s'arroger le droit de nous enlever notre liberté ou oser envoyer
l'un de nous dans un dongeon sans cause et sans que la loi ne soit observée."
Il insista ensuite sur le caractère absolument barbare de l'esclavage, une situation
qui n'aurait pas due être tolérée dans la république américaine. Encore une fois, il
insista sur le fait que son abolition à elle seule justifiait tous les sacrifices qu'ils
avaient faits.
Il termina avec le fait qu'au Canada le lien à la mère patrie était constitué
par la noblesse et l'aristocratie britannique, un lien qui ici était
en or. Il montra son admiration pour le gouverneur général du temps et son épouse, tous deux de l'aristocratie britannique, dans les termes suivants: "Y a-t-il actuellement au Canada un
homme qui a plus gagné les coeurs de tous les Canadiens que notre présent
Gouverneur Général le noble comte d'Aberdeen? Y a-t-il un femme plus aimable,
plus charitable, plus dévouée aux intérêts de tout ce qui est vraiment canadien que notre
bonne Lady Aberdeen?"
- L'année 1895: son discours lors de l'inauguration des
monuments aux pompiers morts en devoir
Ce discours fut suivi le 24 juin par le discours d'inauguration
de monuments identiques érigés dans les cimetières catholique et protestant
de Montréal en l'honneur des pompiers morts en devoir. Encore une fois, ce discours,
en français cette fois, a survécu en plus d'avoir été mentionné dans les journaux
du temps.
(28)
Il débuta en mentionnant le fait qu'il avait peu de temps auparavant prononcé un
discours au cimetière où il
rappelait les sacrifices des soldats qui avaient combattu pour la République américaine.
Et il compara le courage et l'abnégation des pompiers à ceux de ces soldats, remarquant
que dans chaque cas plusieurs avaient été grièvement blessés et plusieurs étaient
morts dans l'exercice de leurs fonctions. Dans un cas comme dans l'autre, ils avaient
"fait preuve de courage et de dévouement".
Il mentionna ensuite deux individus "chez qui la bravoure et l'héroïsme semblent être
des qualités tellement inhérentes à leur nature que le danger paraît être leur élément,
et que pour eux un acte de bravoure et de dévouement semble être une chose toute
naturelle", soit Chénier, mort au champ d'honneur à Saint Eustache en 1837 et le
préfet Laviolette blessé grièvement lors d'une révolte de détenus
au pénitencier de Saint Vincent de Paul en 1886.
Suivit un passage très émouvant et impressionnant où il dressa un vif tableau
des pompiers en action, avec l'un d'eux
sauvant au péril de sa vie des enfants prisonniers d'un immeuble en flammes.
Ce pompier héroïque réussit à sauver ces derniers, mais au prix d'horribles brûlures.
Une fois remis de celles-ci, il retournera à son travail, considérant
qu'il n'a rien fait d'autre que son devoir.
Il passa ensuite en revue les
incidents qui causèrent la mort en devoir à Montréal de plusieurs pompiers
au cours des années.
Cette revue culmina par ce cri: "Honneur à tous ces braves, à tous ces héros!"
Leur devise dit-il, était: "Fais ce que dois, arrive que pourra." Il rappela également
à leurs proches rassemblés aux pieds du monument
que si "mourir est la loi suprême qui domine toute l'humanité",
leurs proches étaient, eux, morts noblement.
Ce monument montrait clairement que "Montréal est fière de ses enfants morts
au champ d'honneur."
Il termina par cette exhortation qui a dû en faire pleurer plusieurs:
"Dormez en paix, nobles victimes, dormez en paix."
- L'année 1895: son discours lors de l'inauguration de
la statue de Chénier
Le 24 août, il était un des orateurs à l'inauguration au carré Viger
de la statue du docteur Jean-Olivier Chénier,
tué à Saint-Eustache le 14 décembre 1837 lors de l'assaut des troupes britanniques
sur les positions des Patriotes qu'il commandait.
Son discours, comme celui de Laurent-Olivier David,
fut improvisé puisqu'ils ne furent invités à parler que le jour même.
(29)
Il débuta en notant que son père
Joseph avait été du groupe des deux ou trois cents patriotes
dont la moitié n'avaient pas de fusils, que Chénier
commandait à Saint-Eustache ce jour-là. Ce groupe faisait face à une armée de
3000 hommes et donc la défaire était assurée. Malgré cela,
Chénier "a bravé l'ennemi jusqu'au bout et il est mort
en combattant comme un brave, les armes à la main."
Mais pourquoi? Voilà ce qu'il examina ensuite.
Parmi les raisons qui créèrent la réaction des
Patriotes, il mentionna que les taxes perçues alors
ne servaient qu'un petit groupe d'individus qui occupaient
tous les postes-clefs du gouvernement en plus de contrôler la justice.
L'assemblée élue par le peuple n'avait aucun pouvoir face au
Conseil Législatif et toutes ses demandes de réforme faites
au gouvernement britannique étaient contrées par ce Conseil, qui ne voulait
pas perdre ses privilèges.
Il affirma: "Que voulait Papineau? Il voulait qu'on respectât, dans le Bas-Canada,
les principes de justice et d'équité qui font la base même de la constitution anglaise
et sans l'observance desquels il ne peut résulter qu'oppression et tyrannie.
On a fait une révolution en Angleterre, et Charles Ier a porté sa tête sur l'échafaud
parce qu'il avait voulu taxer le peuple et disposer de son argent sans l'assentiment
de ses députés. Ce qui en Angleterre, disait Papineau, a été considéré injuste et
intolérable au point de soulever tout le peuple, de renverser le trône et de faire
tomber la tête du roi sur l'échafaud, ne peut être ni juste ni équitable dans une
colonie anglaise, peuplée d'hommes libres et de races intelligentes. Papineau voulait
qu'on mit fin aux injustices criantes dont le peuple était la victime."
Ceux qui contrôlaient le gouvernement décidèrent alors de faire arrêter les chefs patriotes, qu'ils accusèrent de haute trahison. Puisqu'ils contrôlaient
également l'administration de la justice, de leur arrestation suivrait leur pendaison.
C'est pour défendre ceux-ci que l'on se battit. Chénier
avait promis de défendre Girouard. Et c'est exactement ce
qu'il fit. La lutte était inégale et la défaite assurée, mais l'honneur exigeait rien de moins qu'une
résistance farouche, qui se termina par la mort héroïque de bien des patriotes. Il ajouta:
"C'est parce que Chénier a été dévoué, fidèle, patriote et brave jusqu'à la mort
que nous lui avons érigé une stèle. C'est parce qu'il a été le Héros et le Martyr de
la cause du peuple que sa mémoire durera dans le souvenir de ses enfants plus
longtemps encore que le bronze qui a reproduit ses traits et le granit dans lequel
on a gravé son nom."
La vaillance, le courage et la mort de tant d'hommes fit que
la population de l'Angleterre exigea que
justice soit faite et le Parlement anglais "nous accorda enfin ce que
pendant si longtemps on avait en vain sollicité de lui: le gouvernement responsable
et le droit par le peuple de contrôler les affaires du pays."
Il ajouta que l'érection de cette statue n'avait pas pour but de "perpétuer des haines"
ou de rappeler des "souvenirs douloureux" d'une époque révolue, mais avait été faite
"en reconnaissance pour le Héros qui a sacrifié sa vie pour les siens et
dont le sacrifice nous a rendu la liberté.
Ce n'est pas la défaite avec ses haines que rappellera le monument Chénier,
c'est la victoire avec ses joies et ses apaisements; c'est l'avènement
si longtemps attendu de l'ère de la liberté."
Henri Césaire fit alors une mise au point toute aussi
à propos aujourd'hui qu'en 1895:
"Messieurs, lorsque le chevalier de Lévis eut racheté la gloire des armées françaises
par sa brillante victoire de Sainte-Foye, il fortifia son camp sous les remparts de la
vieille forteresse et attendit des renforts de la mère-patrie. Tous les jours, son regard
se plongeait dans l'atmosphère brumeux du fleuve Saint-Laurent, dans l'espoir d'y voir
poindre la voile qui devait apporter l'espérance...
Pendant plus d'un siècle, nos pères ont attendu comme
l'avait fait le chevalier de Lévis, et, comme lui, ont dû
abandonner tout espoir. Il est temps,
pour nous, de nous débarasser de cette chimère et de porter
nos regards d'un autre côté."
Il rappela alors un discours qu'il avait fait au commandant français du navire
de guerre français La Minerve lors de sa visite à Montréal
quelques années plus tôt dans lequel il indiquait le rôle des Canadiens-Français dans les affaires de la Province et l'emploi de la langue française dans les cours de justice, au conseil législatif et dans la chambre d'assemblée, discours auquel l'officier français répondit: " Monsieur, vous
jouissez de la liberté, gardez précieusement
votre conquête: je connais bien des peuples qui se compteraient heureux
s'ils étaient aussi libres que vous l'êtes."
Il ajouta cette exhortation toujours valable et combien sensée:
"Soyons Français, messieurs, mais soyons Français pour nous
et non pas pour la France. Nous ne devons rien à la France.
Nos ancêtres ont versé pour elle le plus pur de leur sang. Pour les
récompenser le roi très chrétien qui alors était le maître de ses
destinées à cédé et vendu notre pays à l'Angleterre. Malgré que
ce fut le voeu du gouvernement de la France que nos pères
deviennent des Anglais, ils sont restés Français malgré tout cependant,
et nous aussi resterons Français; mais encore un fois soyons
Français pour nous-mêmes... C'est-à-dire avant tout aimons
notre pays et nos concitoyens quelle que soit leur origine.
Avant tout, soyons Canadiens."
Il ajouta cette mise en garde à ses concitoyens d'alors tout comme à ceux d'aujourd'hui:
"Prenons garde d'isoler notre province du reste du pays et
de la priver par là de sa part d'influence et de contrôle.
Apprenons l'anglais; faisons apprendre l'anglais dans toutes
nos écoles; c'est la condition essentielle de la continuation de
notre influence. Si notre Laurier dont nous sommes à bon
droit si fiers a réussi à devenir le chef du parti libéral au
Canada, c'est parce qu'il est devenu l'un des maîtres de la
langue anglaise. Pensez-vous que Laurier soit moins bon
Canadien-français parce qu'il parle correctement la langue
de la majorité? Assurément non.
Pour un grand nombre d'entre nous, il semblerait que
les limites de notre patrie se trouvent circonscrites d'un
côté par la Baie des Chaleurs et de l'autre par les frontières
de la province d'Ontario. Canadiens-français, mes
compatriotes, ouvrez les yeux, regardez autour de vous;
notre patrie, elle s'étend d'un océan à l'autre: c'est un
empire superbe. Voilà notre patrimoine. Partout dans
cet énorme territoire vous êtes chez vous."
Voilà une vision politique qui me rend fier d'être son arrière-petit-fils; voilà un orateur qui rend fier d'être de son sang;
voici un homme intrépide, qui n'a pas peur d'afficher des
vues peu populaires mais combien basées sur une grande intelligence de nos réalités, de notre histoire telle qu'elle fut et non pas telle qu'on a voulu qu'elle soit.
- L'année 1895: l'affaire Shortis
Ce qui est probablement le plus important procès de sa vie eut lieu également
en 1895. Le 1er mars à 10 heures le soir,
dans les bureaux de la Montreal Cotton Company
à Valleyfield, l'irlandais Francis Valentine Cuthbert Shortis
alla voir quatre employés qu'il connaissait bien
placer 12 000$ dans des enveloppes de paie; il demanda la
permission de voir le revolver qui était gardé dans un tiroir. Après quelques réticences
du superviseur et une fois les balles enlevées, on lui laissa l'examiner. Le
revolver une fois remis fut réarmé. Après quelques temps, Shortis
saisit le revolver du tiroir et fit feu sur Hugh Wilson qui
tomba blessé. John Loy immédiatement pris de téléphone
pour appeler le docteur mais Shortis le tua
d'une balle à la tête.
(30)
John Lowe, le superviseur en charge de la paie, prit l'argent
et s'enferma avec Arthur Leboeuf dans la voûte.
Wilson, blessé, chercha à s'échapper mais
Shortis suivit sa trace et lui tira une balle dans la tête.
Il revint ensuite à la voûte, cherchant à en faire sortir les deux hommes qui s'y
étaient enfermés.
À minuit, le gardien de nuit, Maxime Leboeuf, frère du
précédent, faisant sa ronde arriva dans la pièce et fut lui-aussi tué par balle.
Heureusement, Wilson, malgré ses deux
blessures réussit finalement à demander de l'aide.
Le docteur Walter Sutherland pensa ses blessures, prit
une barre de fer et avec un ouvrier confronta Shortis.
Ce dernier se rendit alors sans difficulté et fut attaché. Un policier fut appelé. Il
trouva sur Shortis un autre revolver ainsi qu'un ciseau.
Une fois averti, le Procureur Général de la Province de Québec
T. C. Casgrain demanda à l'avocat
Donald Macmaster, C.R., de représenter la Couronne
à l'enquête du coroner J. A. Demers sur les incidents.
Henri Césaire, lui, fut engagé pour représenter
la défense à l'enquête préliminaire. Le prisonnier dut être transféré à Montréal
puisqu'une foule houleuse voulait le lyncher.
Alors que Macmaster était convaincu
que Shortis était
sain d'esprit, Henri Césaire était absolument convaincu du
contraire. On lui adjoignit l'avocat J. N. Greenshields, C.R.
ainsi que George Foster.
La défense demanda que le procès eut lieu ailleurs qu'à Beauharnois, puisque
les habitants de la région voulaient tous voir Shortis pendu.
Leur requête fut refusée par le juge Louis Bélanger
de Beauharnois lors d'une audience le 7 juin.
Par contre le juge Bélanger permit à la défense d'aller chercher
en Irlande des témoignages pour montrer que Shortis n'avait pas
été sain d'esprit lorsqu'il y habitait et qu'il y avait dans sa famille bien des cas de folie connus.
Le juge des sessions C. A. Dugas fut choisi comme commissaire
en charge, le tout aux frais de la défense, pour être remis à la cour sous sceau au plus tard le 15 août.
Greenshields,
MacMaster et le juge Dugas
se rendirent donc en Irlande et plus de 60 témoins furent entendus sur cinq jours
à partir du 18 juillet. La défense demanda que les témoignages soient accessibles
à ses experts. La Couronne s'opposa et le juge
Bélanger refusa cette demande.
Le premier octobre à 10:25 heures, le jour de l'ouverture
de la session de la Cour Criminelle du district de
Beauharnois, le juge Michel Mathieu de la ville de Québec,
choisi pour cette occasion en remplacement du juge Bélanger,
vit à la constitution d'un "grand jury" (un jury qui décidait de la validité
d'une mise en accusation à la majorité simple).
Cette étape fut rapide: à 12:00 heures celui-ci décida que la
mise en accusation l'était en effet.
À 14:00 heures, le procès lui-même débuta: l'accusé plaida non-coupable pour raison
d'insanité. La défense obtint du juge un jury mixte, i.e. un jury composé de six jurés
francophones et de six anglophones, ce qui évidemment requéra que tout ce qui fut dit
le soit dans les deux langues; elle obtint également que le procès ne porte que
sur un chef d'accusation. La Couronne décida alors de procéder avec l'accusation de
meurtre contre John Loy, le premier à être tué.
L'étape suivante consista à trouver douze jurés prêts à ne pas pendre
l'accusé quelque soit la preuve faite au procès. Ceci prit une journée et demie. Ceci fait, Henri Césaire demanda que tous les témoins quittent la Cour, à l'exception des experts psychiatriques et les parents de l'accusé. McMaster objecta que cela se produise avant qu'il ne puisse donné son adresse d'ouverture, mais le juge donna raison à la défense.
L'avocat de la Couronne exposa les faits, et ce que disait la loi sur l'insanité, à savoir: l'accusé était-il au moment du crime conscient que son acte était mal? Il nota de plus que la preuve d'insanité doit être claire, évidente, selon la loi. Il ajouta que si le jury trouvait l'accusé innocent car fou il n'y avait rien qui empêcherait les autorités psychiatriques de le libérer si elles le considéraient guéri, et donc que l'accusé ne serait pas nécessairement confiné à vie.
Les premiers témoins furent les survivants de l'attaque, qui racontèrent les détails déjà fournis. La Couronne chercha ensuite à établir que le coup était prémédité, que Shortis voulait voler l'argent. Les témoins de la Couronne terminèrent leurs dépositions samedi le 6 octobre à 11 heures.
C'était maintenant le tour de la défense. Celle-ci procéda aussitôt à déposer le rapport de la commission qui était allée en Irlande et avait questionné 48 témoins. McMaster s'objecta pour la forme. Les 575 pages de ce document durent être lues, d'abord en anglais, puis traduites. Parmi les exemples, on avait vu Shortis tirer dans une foule, mettre le feu au journal qu'on lisait, frapper quelqu'un avec un baton, tirer sur des individus spécifiques.
Le lundi suivant, 8 octobre, on lut la déposition du docteur James Shea, directeur de l'asile d'aliénés. Il déposa que le grand-père de
Shortis souffrait de "mania" et d'hallucinations; son oncle était épileptique. Le docteur William Garner, superintendant en médecine à l'asile, nota que l'oncle avait été admis quatre fois. Il dût par contre admettre que le père de Shortis n'était pas fou; de plus, que la plupart des patients à l'asile savait la différence entre le bien et le mal.
Le père Dunne, en charge de l'école à Waterford où Shortis était écolier, affirma que celui-ci avait été très difficile: il semblait incapable de se contrôler et apportait des fusils à l'école. Le lundi soir on avait fini la lecture du texte de la commission, évidemment écrit en anglais.
Le mardi matin, 8 octobre, on débuta la traduction du même texte en français, ce qui prit 21 heures alors que la lecture elle-même avait pris dix heures. C'est le jeudi 10 octobre à 4 heures que cette étape fut terminée.
Après cela, la défense fit venir plusieurs témoins qui peignirent un tableau de l'accusé tout-à-fait comme celui qui était apparu à la commission en Irlande. Mais la question demeurait: était-il seulement excentrique, espiègle, ou était-il vraiment désaxé? Et était-il vraiment fou?
Le lundi suivant, 15 octobre, ce fut le tour de Millie Anderson, l'amie de Shortis, de rendre témoignage. Sa mère et son beau-père n'approuvaient pas qu'ils se voient. Le soir des meurtres, il vint la voir.Shortis, dit-elle, était certain que des gens l'épiaient et insista pour qu'elle ferme les rideaux. Il se plaignit contamment de violents maux de tête. Il lui montra des lettres de sa mère toujours dans leurs enveloppes cellées.
Malheureusement, Macmaster réussit à démolir sa crédibilité: ne devaient-ils pas se marier? ne devaient-ils pas se sauver ensemble? Elle nia, mais il revint à la charge: n'avait-elle pas écrit qu'elle lui serait fidèle? Oui, mais elle avait changé d'idée, le trouvant de plus en plus fou, répliqua-t-elle. N'avait-elle pas dit à mademoiselle Leblanc la semaine dernière que le prisonnier s'en tirerait en plaidant insanité et qu'il serait placé dans un asile pour trois mois? Henri Césaire objecta. Le juge lui demande de rephraser sa question. L'avocat lui demanda: n'avez-vous pas dit à mademoiselle Leblanc que vous alliez marier le prisonnier une fois qu'il sortirait de l'asile? Non, répliqua-t-elle. Encore une fois Henri Césaire objecta et le juge lui donna raison, malgré le fait que Macmaster affirma qu'il cherchait à établir si son témoignage était biaisé, ce qui serait probablement le cas si elle se considérait la future épouse du prisonnier. Ceci dit, il accepta la décision de la Cour. Évidemment, le jury avait tout entendu; le doute était posé et le fait qu'après son témoignage elle alla s'asseoir auprès de madame Shortis à son invitation ne fit que renforcer celui-ci.
Ce fut ensuite le tour des parents du prisonnier. Ils dirent que ce dernier ne put marcher qu'à deux ans; qu'il était incapable d'articuler avant l'âge de six ans; incapable de compter à l'âge de sept ans; incapable de parler correctement avant l'âge de dix ans; qu'il était violent à partir d'environ douze ans; qu'il mentait.
Les psychiatres de la défense suivirent. Le premier fut James V. Anglin, alors superintendant médical à ce qui est aujourd'hui le l'hôpital Douglas. Il avait vu le prisonnier deux à trois fois par semaine depuis le 25 juin. Il considérait que le prisonnier n'était pas sain d'esprit, basé sur son indifférence et son insensibilité à propos de sa situation, sur son extraordinaire vanité, sur ses aversions intenses et irréfléchies contre ceux qu'il rencontrait et sur ses blancs de mémoire. Macmaster objecta que c'était au jury de décider si le prisonnier était ou non sain d'esprit. Mais
Henri Césaire et son collègue Greenshields citèrent le cas de M'Naghten en 1843. Le juge décida pour la défense.
Macmaster entreprit ensuite le contre-interrogatoire; il força le psychiatre à admettre que bien des aliénés savaient différencier le bien et le mal. Puis il lui demanda son opinion de la définition suivante d'imbécilité: "L'idiot n'a pas même l'intelligence d'un animal. L'imbécile est un degré supérieur
au plan de l'instinct et de l'intelligence, mais peu ou pas supérieur à un chien, éléphant ou singe, et ne doit pas être considéré responsable à cause de son carence mentale." Henri Césaire demanda le nom de l'auteur.
Macmaster refusa. Alors notre homme dit au témoin de ne pas répondre, mais le juge en décida autrement. Le psychiatre dit alors que cette définition ne couvrirait pas le prisonnier. It dût admettre que le prisonnier n'était pas au niveau du chien. Greeenshields exigea de connaître l'auteur de la défnition. Macmaster répondit cette fois: c'est Daniel Clark, un de vos experts, dit-il. Il offrit le livre à la défense pour que ceux-ci puissent l'étudier! Et sur ce, le procès ajourna au lendemain matin.
Le lendemain l'avocat de la Couronne continua son contre-interrogatoire. Tout tournait sur ce qu'un individu considéré fou est en mesure de faire. Il fallait en effet lui expliquer comment on peut être un imbécile et agir comme il l'avait fait le soir des meurtres. Est-il lunatique ou criminel? Aujourd'hui on aurait dit tout simplement que l'accusé était schizophrène paranoïaque, mais cette classification n'existait pas alors. Pour le psychiatre, l'accusé n'avait plus le contrôle de ses actes. L'avocat n'était pas de cet avis.
D'autres psychiatres furent entendus, les mêmes points furent repris. Ce fut le tour de C. K. Clarke, surintendant médical
à Rockwood, considéré comme le meilleur asile au Canada. Il était convaincu que l'accusé était n'était pas sain d'esprit, et qu'il n'était pas responsable de ses actes, qu'il était un imbécile en ce qui concerne le moral. Son comportement durant le procès - complètement désintéressé de tout ce qui se passait autour de lui, incluant les larmes de sa mère - le prouvait. Daniel Clark, superintendant médical de l'asile de Toronto, qui ne fut interrogé et contre-interrogé que pour trois heures, émit les mêmes opinions. L'accusé avait agit par compulsion qu'il ne pouvait contrôler.
Le dernier psychiatre pour la défense fut R. M. Bucke, superintendant de l'asile de London, Ontario. Il débuta sa déposition vendredi le 18 octobre, le seizième jour du procès. Malheureusement, ce dernier ne corrobora pas vraiment les opinions des trois autres.
La défense termina sa preuve ce même jour. La Couronne entreprit sa réponse, faisant comparaître plusieurs témoins pour affirmer que l'accusé avait un comportement normal. Par contre Greenshields fit avouer à un d'eux que l'accusé avait pris seize jours pour faire un travail qui devrait n'en prendre que deux. L'accusé, fut-il dit, avait mal agi à plusieurs reprises et avait fini par proférer des menaces contre son employeur, et avait conspiré pour tuer un des individus en charge, tout le temps se montrant capable d'avoir de la suite dans les idées, de comploter, etc. Il y avait même été question de voler son employeur. Des lettres écrites par l'accusé montrant qu'il savait être rusé, et se mettre sur un bon jour, furent également lues, tout cela pour montrer qu'il était définitivement sain d'esprit. Ceci prit une semaine.
Lundi le 28 octobre, les plaidoyers débutèrent. Ce fut d'abord celui en anglais de l'avocat de la défense Greenshields qui prit trois heures.
Il débuta par: "Tu ne tueras point." Il ajouta que les jurés devaient en prendre compte, et que condamner quelqu'un à mort injustement était un meurtre. Il affirma qu'il n'aurait pas défendu l'accusé s'il ne le croyait pas non responsable de ses actes. Il chercha à convaincre le jury des conséquences de leur décision, avec laquelle ils devront vivre par après. Il mentionna que la pendaison de l'accusé enverrait presque certinement ses parents dans la tombe. Il passa en revue les actes mentionnés durant sa jeunesse, et jusqu'au meurtre. Le premier coup de feu, affirma-t-il, fut accidentel, et engendra l'attaque de manie furieuse qui s'ensuivit. Il ajouta que la défense fit témoigner quatre experts, qui tous l'affirmèrent non sain d'esprit. La Couronne ne fit témoigner aucun de ses experts, qui pourtant étaient là durant tout le procès, car ils auraient été du même avis.
Il termina en demandant au nom de ses parents que l'accusé soit envoyé pour le reste de sa vie dans un asile. Après tout, tous les experts avaient affirmé l'accusé était incurable.
Le lendemain, mardi le 29 octobre, ce fut le tour de Henri Césaire. Son plaidoyer fut en français, pour les six jurés francophones. Il parla pendant 21 heures, malheureusement répartis sur trois jours. Ceci fut dû à des circonstances incontrôlables: il donna son plaidoyer alors qu'il était grippé. Il débuta à 10 heures; à 17 heures, il n'avait plus la force de continuer. Le mercredi, un des jurés, malade, ne put reprendre son siège avant 14 heures. À 15 heures, il dût être soigné de nouveau avant qu'il ne puisse reprendre. Encore une fois, il n'eut plus la force de continuer après 17 heures. Il put terminer son plaidoyer le jeudi par 12:30 heures.
Henri Césaire répéta somme toute tout ce que l'avocat anglophone avait dit; mais il cita de plus à plusieurs reprises le psychiatre français Philippe Pinel. Il examina en détail les cas de trois meurtres français du même genre où l'accusé fut trouvé non sain d'esprit. Son argument: si quelqu'un, non sain d'esprit, est jugé irresponsable en France à cause de sa folie, ne devrait-il pas l'être également en Angleterre ou au Canada? Il admit que l'accusé est un individu dangereux, un maniaque qui doit être confiné dans un asile pour le reste de sa vie. Mais non sain d'esprit, il ne devrait pas être exécuté. Les jurés devraient prendre en ligne de compte la douleur de ses parents.
L'avocat de la Couronne
Laurendeau donna un plaidoyer en français de cinq heures. Il s'en tint aux faits et rappela aux jurés la douleur de la famille de la victime.
Le jour suivant, le premier novembre, était un jour d'obligation: la Cour ne siéga pas. Le procès reprit le samedi 2 novembre. Ce fut le tour de l'avocat Macmaster. Son plaidoyer dura quatre heures. Il fit remarquer que la définition légale d'insanité canadienne n'était tout simplement pas applicable dans le cas de l'accusé, point final. Il montra que l'accusé savait prévoir, ruser, etc. Il reprit tous les faits mentionnés et montra qu'il était possible de les expliquer sans présumer qu'il était un lunatique; un criminel, oui.
À la fin, le jury lui donna raison. Le juge condamna donc l'accusé à être pendu à Beauharnois vendredi le 3 janvier 1896. Le procès était fini, mais tout n'était pas dit.
En effet, les parents et les avocats du condamné à mort présentèrent une requête au Gouverneur Général en Conseil demandant la commutation de la sentence de pendaison en une de prison à perpétuité. Deux raisons étaient mises de l'avant: d'abord que le condamné n'était pas sain d'esprit, avec comme preuve les affidavits affirmant ce diagnostic de la part des quatre psychiatres de la défense; puis que le jury avait, malgré leurs efforts, été influencés par leur révulsion contre le prisonnier. Cette pétition fut donnée personnellement au ministre de la justice le 12 novembre. Évidemment le cabinet reçut plusieurs opinions à ce sujet. Entre autres, le juge suggéra que la commutation serait justifiée; même un des psychiatres de la Couronne suggéra la même chose, disant que la définition légale d'insanité devrait être revue. Le Cabinet examina le cas le 24 décembre: cinq se prononcèrent pour la commutation, et cinq contre, après trois heures de délibérations. Il reprit l'étude du sujet le 28 décembre, et cette fois, le vote fut six contre six.
Les instructions que le Gouverneur Général avait reçues lorsqu'il avait pris son poste étaient qu'il se devait de suivre la recommandation du Cabinet dans les cas de demande de commutation. Le problème ici était que ce dernier n'avait pas fait de recommandation, puisque les votes pour et contre étaient égaux.
Ces résultats furent communiqués au Gouverneur Général, lord Aberdeen. Il rencontra en privé chaque ministre qui avait été présent à la réunion. À la fin, il reçut une directive de Londres lui disant que dans ce cas où le Cabinet n'avait pas de recommandation, il avait carte blanche.
Le 31 décembre, lord Aberdeen annonça au premier ministre qu'il avait décidé de commuer la sentence de Shortis en emprisonnement à vie. Grâce à l'intervention de lord Aberdeen, la défense avait gagnée: la vie de Shortis était sauve. Henri Césaire avait obtenu ce qu'il croyait être juste et équitable.
- L'année 1899: son discours du Memorial Day à Montréal
Le gouvernement d'Ottawa nommait alors comme maintenant les juges de la Cour Supérieure. Le nombre d'avocats qualifiés dépassant largement le nombre de postes, le gouvernement avait, comme toujours, tendance à choisir parmi leurs partisans, et plus encore parmi ceux qui avaient aider leur élection. Le parti libéral du Canada avait pris le pouvoir en 1896.
Nous avons déjà vu que Henri Césaire était libéral. En 1899 son nom avait été mentionné comme un des avocats qui pourraient être nommé juge. Un avocat jaloux, écrivit alors anonymement
un article virulent dans la "Petite Revue" le 2 mars 1899, attaquant les qualifications de Henri Césaire comme libéral.
(31)
Un reporter lui demanda de répondre à cette accusation. Il affirma que de fait il était libéral; qu'il lui aurait été facile de se lancer en politique comme conservateur compte tenu des premiers bureaux dans lesquels il avait travaillé; qu'il s'était présenté comme libéral dans le comté de Jacques-Cartier; et que son bureau aidait le parti à chaque élection.
Il ajouta deux points très importants. "Tout avocat doit aspirer à la magistrature; ce doit être là le couronnement naturel de la carrière de l'avocat. J'ai cette ambition comme tous mes confrères doivent l'avoir. C'est, ce me semble, un sentiment bien légitime." Mais à cela il ajouta le point suivant, crucial: "Bien qu'il me soit arrivé fréquemment de me constituer gratuitement solliciteur pour les autres, jamais de ma vie je n'ai rien demandé pour moi-même. L'honneur d'arriver à la magistrature surtout n'est pas une chose qu'un homme qui a la conscience de sa dignité doit chercher à obtenir par des sollicitations ou en exerçant une pression au moyen des influences qu'il peut avoir à son service. Ce choix doit être laissé entièrement à la discrétion des ministres dont le devoir est de nommer celui qu'ils jugent le mieux qualifié et le plus digne."
Le discours que Henri Césaire prononça lors du Memorial Day en 1895 dut être considéré suffisamment remarquable pour qu'on lui demande de donner l'oration pour la même occasion en 1899. Ce discours fut fort différent du précédent.(32)
Il débuta en mentionnant que depuis maintenant 33 ans les vétérans paradaient en uniforme dans les rues et escortaient des chariots de fleurs fraîchement coupées aux couleurs de la nation américaine. Cette parade avait comme but de décorer les tombes de leurs camarades soldats morts et d'ainsi rappeler à leurs amis décédés qu'ils n'étaient pas oubliés, leur
parlant comme s'ils étaient encore vivants, en bons camarades.
Il insista ensuite sur le fait qu'eux, les survivants, étaient de moins en moins nombreux et de plus en plus chargés d'années, mais toujours aussi dévoués à leurs camarades et à la cause pour laquelle ils s'étaient battus, pour sauver de l'esclavage trois millions d'hommes, et donc pour la liberté et l'humanité, pour le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, et pour la proposition que "tout homme est né libre". Et de cela, le monde entier rendait grâces: les soldats de l'Union avaient par leurs actes avancé la cause de l'humanité et le bonheur des générations futures.
Il reprit alors certains des thèmes qu'il avait abordé lors de son discours précédent à propos de la république américaine
Il mentionna également l'esprit de sacrifice chez les officiers et les simples soldats, un esprit d'humilité et d'abnégation.
Il insista sur l'importance sociale et politique de la Grande Armée de la République basée sur la fraternité et la charité, et sur l'importance de l'association des Fils des Vétérans, association patriotique comme celle de leurs pères, et leur association avec le "Relief Corps" qui avait aidé les prisonniers dans les camps.
Il termina en insistant sur le fait que quoique membres du G.A.R., les membres présents étaient également Canadiens, vivants dans un pays libre grâce à l'Angleterre, et jouxtant la République américaine, dont l'amitié était garantie de prospérité et paix.
Sa firme légale déménagea au 151 rue Saint Jacques en 1899. Elle y était encore en 1902.
Pour la suite, pressez ICI.
Notes:
26 - Les faits rapportés concernant le GAR à Montréal provient
de plusieurs articles des journaux locaux.
Ils se trouvent ICI.
27 - Oration delivered by H.C. Saint-Pierre Q.C. at the
Protestant Cemetary of Mount-Royal on the 30th May 1895, at the gathering of
the Montreal Branch Hancock Post of G.A.R.
Il se trouve ICI.
28 - Eulogie aux pompiers prononcée le 24 juin 1895 à l'inauguration
des monuments aux deux cimetières de Montréal aux pompiers décédés en devoir. Le
discours se trouve ICI; le
compte-rendu du journal La Minerve est trouvé
ICI.
29 - Le compte-rendu de ce discours du 24 août a été reproduit
dans une large mesure dans l'édition de La Patrie du 26. Il
se trouve ICI.
30 - Les évènements entourant les meurtres, le procès et la commutation
de la sentence de Shortis sont traités en grand détail dans le
livre The Case of Valentine Shortis: A True Story of Crime and Politics in Canada,
écrit par Martin Lawrence Friedland, publié par University of Toronto Press, Toronto 1986. De plus, le plaidoyer de Henri Césaire
a été publié par les Éditions Beauchemin de Montréal en 1896 et est disponible en ligne
ICI.
31 - Cet article ainsi que sa réponse parurent le 3 mars 1899. Ils se trouvent
ICI.
32 - Oration delivered by H.C. Saint-Pierre Q.C. at the
Protestant Cemetary of Mount-Royal on the 30th May 1899, at the gathering of
the Montreal Branch Hancock Post of G.A.R.
Il se trouve ICI.